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Robo-advisor : les conseillers financiers de demain ?

Finance innovante
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Apparus aux États-Unis à la fin des années 2000, dans le sillage de la crise des « Sub-Primes » en 2008, les robo-advisors sont arrivés en France autour de 2012 via les fintechs dans le but de démocratiser le conseil en investissement. Leur développement s’appuie sur la digitalisation/plateformisation de la finance qui rend accessible à moindre coût un savoir auparavant disponible pour les seuls professionnels de la finance.

Que sont les robo-advisors ?

Les premiers Robo-Advisors ont vu le jour aux Etats-Unis après la crise financière de 2008 avec l’objectif d’aider des professionnels, conseillers financiers humains, à construire des portefeuilles d’investissements cohérents avec les profils de risque de leurs clients et à proposer des arbitrages automatisés. Ils s’appuient sur l’intelligence artificielle (data mining et machine learning principalement) afin d’élaborer des algorithmes permettant d’analyser les marchés boursiers, d’anticiper leurs évolutions et ainsi d’identifier les meilleures opportunités de placements en optimisant le couple rendement/risque.

Ainsi, ces solutions ont permis de démocratiser le conseil financier au profit des clients particuliers en recherche de nouveaux modes d’investissements répondant aussi à un besoin d’accompagnement personnalisé dans la gestion de l’épargne. En France, ces « robots conseillers » ou « robots investisseurs » sont apparus il y a un peu plus d’une dizaine d’années, où du fait du cadre réglementaire Européen et français, les robo-advisors mettent en œuvre un modèle hybride, combinant algorithmes et conseils humains.

Comment fonctionne un robo-advisor ?

Un robo-advisor offre à l’investisseur les fonctionnalités suivantes :

  • Profilage

Sur la base des réponses fournies par le client à une série de questions sur son attitude face au risque ou via un processus ludique faisant appel à la finance comportementale (aversion au risque, aversion à la perte, aversion à l’ambiguïté, pessimisme, optimisme…), un profil de risque est défini. En considérant le profil de risque spécifique et les solutions d’investissements pilotées, une proposition de placements appropriée est présentée au client. Ceci va permettre au robot de déterminer les objectifs financiers du client, son horizon de placement et sa tolérance au risque de perte, ce en cohérence avec la directive européenne MiFID II.

  • Allocation et arbitrages

Plusieurs éléments interviennent :

  • Le profil risque du client et son horizon de placement : à court, moyen ou long terme.
  • Le cadre juridique : assurance-vie, PEA, PER, compte-titres…
  • Les fonds d’investissement proposés.
  • Les fluctuations des marchés boursiers.

Une allocation de portefeuille est alors proposée sur des placements diversifiés que le client est libre de suivre, ou non, en fonction du niveau de risque et du support jugé le plus adapté à son profil de risque.

  • Pilotage et reporting

Les clients peuvent, via des interfaces de suivi de portefeuille, contrôler l’évolution de leurs placements, procéder à des retraits ou des versements complémentaires, changer de profil ou encore obtenir des statistiques détaillées au jour le jour et bénéficier grâce à la digitalisation d’un accès aux reporting plus flexible et plus rapide que celui qu’offrent les sociétés de gestion, les assureurs et leurs intermédiaires.

 

Evolution des acteurs

Depuis maintenant une dizaine d’années, des changements de diverses natures se sont opérés. Ces acteurs qui étaient une vingtaine vers 2015 se sont concentrés. Parmi les précurseurs, de nombreux ont disparu (Marie Quantier, la Finbox, Mieux placer.com…), certains ont été rachetés (Fundshop et Nalo par Apicil…) et de nouveaux entrants se démarquent en ayant enrichi leur proposition de valeur (Finary, Mon Petit Placement…) en proposant des produits construits et gérés selon des thématiques spécifiques, notamment la Finance Durable (Goodvest…).

Enfin certains ont opéré un virage vers le « B2B » ou Business to Business (ie entre institutions), devenant des fournisseurs des acteurs plus traditionnels (banques ou assureurs principalement) ayant pour partie digitalisés leurs outils et solutions (Advize…).

A ce jour, trois typologies de solutions existent :

  • « Solution en marque blanche » c’est-à-dire construite pour être intégrée dans l’offre digitale d’une banque qui lui attribue un nom commercial cohérent avec sa propre marque comme Wesave pour Indosuez,
  • Auprès de plateformes de conseillers en gestion de patrimoine indépendants (CGPI) qui s’en servent pour conseiller leurs clients. C’est le cas de Active Asset Allocation,
  • En accès direct sur internet comme Yomonu alors accessible à tout internaute (moyennant un coût le cas échéant).

Depuis les premières solutions proposées par des Fintechs, l’écosystème des robo-advisors a muté, confronté à des facteurs externes l’impactant de façon majeure et qui ont pu constituer des freins supplémentaires à sa croissance :

  • un manque d’interopérabilité avec les agrégateurs de banques qui a fait que la digitalisation du conseil n’était pas totale, longtemps la Finbox de Swiss Life a été le seul acteur proposant du conseil financier en se connectant directement aux comptes bancaires des utilisateurs. Cette offre innovante n’a pas permis à cette solution de survivre, encore aujourd’hui de nombreux robo-advisors ne proposent pas l’agrégation,
  • un manque de proposition de supports en assurance vie, le placement préféré des français, car défiscalisé. De nombreux robo-advisors ne proposaient que du conseil de placement boursier,
  • l’apparition de ces nouveaux supports d’investissements que sont les actifs numériques, apportant de nouvelles catégories d’investisseurs tant en termes de capacités d’investissement que de générations.

Concurrence et convergence

Les craintes de l’industrie nées en 2015 de voir les robo-advisors capter le marché de l’épargne et de l’investissement ne se sont pas réalisées. Le coût d’acquisition trop élevé et la rentabilité client restant faible la part d’encours des robo-advisors se situe en 2023 autour de 20 milliards en France, nous positionnant au second rang des encours en Europe derrière la Grande Bretagne et devant l’Allemagne et les pays Latins que sont l’Espagne et l’Italie.

Cependant deux concurrences émergent :

Depuis le bas, les néo-courtiers et les acteurs du Personal Finance Management, s’appuyant sur une différentiation de l’offre et une base clients plus mass-market qui commencent à proposer des services d’investissements (Grisbee, Climb…).

Et par en haut, les Sociétés de Gestion, le Wealth Management et même les assureurs tentent de répliquer les bonnes pratiques, principalement en ayant recours à leurs services pour leurs conseillers ou en faisant le choix de les intégrer avec les rachats réalisés (stratégie d’Apicil de rachat de  Fundshop et Nalo…) depuis 2017.

En conclusion

Si la capacité d’apprentissage des machines promet de redéfinir le contenu des services financiers (services auto-apprenants) et la manière dont ceux-ci sont délivrés au client (relation client/conseiller), les robo-advisors n’ont pas chamboulé le paysage de l’offre d’investissement. Leur grande vertu a été d’aiguillonner les acteurs traditionnels de la Banque et de la Gestion d’Actifs en incitant à digitaliser leurs métiers avant même que la COVID ne les y oblige !

L’innovation apportée par ces acteurs réside principalement dans l’expérience client : facilité de prise en main, rapidité de la démarche, accessibilité (portefeuille minimal) et traçabilité du processus d’investissement. Leur atout est aussi d’avoir été capables de développer l’engagement client via un suivi proactif (apps web et mobile, alertes et notifications, contenu pédagogique).

Par ailleurs, la simplicité de la démarche d’investissement, pouvant aller jusqu’à la validation de préconisations en quelques clics depuis un smartphone, leur permettent d’opérer avec des statuts très différents des intervenants historiques (banque privée, CGP) : certains robo-advisors se sont constitués en conseillers en gestion (CIF) ou brokers. Cette remise en cause de la structure de marché leur donne une agilité sans précédent.

Enfin, ces innovations questionnent les équilibres établis et interrogent sur la place de la relation client dans la digitalisation en cours et plus spécifiquement dans le choix des canaux et supports d’investissement, l’interaction avec un conseiller humain restant un besoin récurrent dans les actes clés de la vie, la gestion et la transmission des investissements, mais pouvant être enrichi et simplifié grâce au digital.

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